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Histoire de Pélissanne


Ce petit texte n’a d’autre ambition que de présenter une histoire chronologique de Pélissanne, histoire souvent confondue avec celle de ses compagnes d’aventure : Salon, Lançon, La Barben, Aurons ; mais l’accent y est mis sur les évènements qui ont marqué notre commune.

Première partie

Du Néolithique à l’Empire Romain : l’essor d’une cité


Epoque néolithique : l’origine de Pélissanne

Au néolithique, l’âge de la pierre polie, les Ligures peuplent la Provence. Cette période correspond au réchauffement progressif du climat, après la dernière des ères glaciaires : les conditions doivent alors présenter des caractéristiques très proches de notre climat tempéré. L'origine de Pélissanne remonte en effet au néolithique, comme l'ont attesté les résultats des fouilles conduites par l'historien local, M. Jean Proust, près de la chapelle de Saint Laurent de Cabardel. En effet, dès 4000 ans avant notre ère, la plaine de Pélissanne est occupée de manière sédentaire par des Ligures, qui pratiquent déjà une véritable agriculture, avec non seulement les faucilles de silex, mais aussi les outils qui servent à les fabriquer. Le matériel retrouvé à l’occasion de ces fouilles, pourtant localisées sur une petite superficie de quelques dizaines de mètres carrés permet en effet d’assurer une continuité historique exceptionnelle de 60 siècles, jusqu’au siècle dernier !

Ces résultats sont la preuve que la plaine de Pélissanne, circonscrite entre les Costes au Nord, les collines de La Barben à l’EST et les collines de Lançon au Sud n’était pas le vaste lac dont parlent certains historiens. Qu’il y ait eu des marais est indéniable, mais l’essentiel des terres était hors d’eau, constitué de terres cultivables et de pacages, gagnées par les Ligures sur les forêts du paléolithique. D’ailleurs, ces terres devaient bien être hors d’eau pour permettre l’établissement dans la durée de ces grands axes de communication Nord/Sud et Est/Ouest, qui depuis des temps immémoriaux se croisent dans la plaine de Pélissanne. Les vestiges retrouvés à Saint Laurent prouvent que ce lac, s’il existait, ne pouvait qu’être situé beaucoup plus à l’Ouest, au voisinage de Grans, plus bas en altitude.

Dès l’antiquité, Pélissanne occupe une place privilégiée près du carrefour entre l’une des routes qui relient les régions côtières de la Méditerranée et de l’Etang de Berre aux peuples de la Provence, du Rhône et des Alpes, d’une part et celle qui relie la Catalogne au Nord de l’Italie, d’autre part, selon un axe Est-Ouest (route mythologique d’Héraclès). La route Nord/Sud permet entre autres de relier Pélissanne aux sites d’extraction du silex du Vaucluse (probablement près de Murs, à 60 km par Cavaillon et Coustellet) et aux “carrières” de galets de la Durance (de Cadenet à Orgon).

Puis, dès le troisième millénaire avant J.C., l’élevage vient complèter l’agriculture.

L’âge chalcolithique, ou du cuivre

C’est aussi l’époque d’un changement de technologie majeure, avec le passage à l’ère chacolithique, ou civilisation du cuivre. Des pasteurs nomades se sont également fixés dans la plaine : il s’agit très probablement d’éleveurs de moutons, car des outils nécessaires au filage de la laine ont été retrouvés. La transhumance doit probablement déjà emprunter l’un des itinéraires de la Crau vers les Alpes, qui passe par Pélissanne. Les Pélissannais acquièrent auprès des marchands de passage les premiers outils et bijoux en cuivre. Contrairement à d’autres parties de la Provence, frontalières des autres grands peuples du Sud de ce qui deviendra la Gaule, les Celtes au Nord et les Ibères à l’Ouest, les habitants de la Provence intérieure, notamment entre Aix et Arles, ont peu d’occasion de s’allier à d’autres peuples. Ils gardent leur mode de vie et leur religion : c’est la civilisation des Salyens. Les habitants des plaines, en cas d’attaque des tribus voisines ou de passage d’envahisseurs, trouvent refuge dans des camps fortifiés sur les hauteurs, où les chefs locaux ont leur résidence : ce sont les oppida (les plus proches sont ceux d’Aurons, des Escalèdes et de Constantine).

Un autre itinéraire passe par Pélissanne, celui des chemins saulniers qui permettent d'acheminer le sel extrait des étangs de la région d'Istres à Lambesc et à la Durance par Aurons.

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Le chemin à ornières qui de Pélissanne monte à Sainte Croix

L’âge du bronze : les Salyens affinent leurs outils et leurs armes

La Provence est encore très turbulente. La plaine de Pélissanne, où se croisent l’itinéraire marchand Est-Ouest et celui qui relie la future Massalia à la future Avignon (ce croisement est en fait un peu plus au Nord, sur le territoire de Salon), est encore souvent le théâtre d’escarmouches entre tribus Salyennes. Les Salyens de Pélissanne profitent du passage des marchands pour aquérir ou échanger des biens de consommation : ustensiles en céramique, en poterie et bijoux.

Ces grandes voies d’échanges commerciaux et sociaux valent à la plaine de Pélissanne son développement précoce. En attestent les restes de poterie découverts au cours des campagnes de fouilles, parmi lesquels des morceaux de vases dont la finesse montre sans conteste l’influence des techniques italiennes, puis grecques dès avant le Vème siècle avant notre ère ; car ils sont de provenances, sinon d’inspirations très diverses : Italie du Nord, Catalogne, Languedoc. Des traces d’habitation durable du premier millénaire avant J.C. ont été retrouvées également plus au Nord, de l'autre côté de la Touloubre.

L’âge du fer : les Salyens perfectionnent leurs outils

L’âge du Fer s’étend en Provence de – 700 jusqu’à la conquête par les Romains (environ – 125 av. JC). Il subsiste malgré tout un décalage important entre la civilisation Massaliète, proche de la Grèce et de Rome, et la civilisation Celto-ligure des Salyens, plus en retard aux plans social et technique, avec sa propre religion et ses dieux. La Provence n’est toujours pas pacifiée et les tribus Salyennes continuent leurs luttes intestines ou leurs attaques des convois marchands, ce qui oblige les Romains à faire accompagner ces derniers par des soldats, entre l’Italie et l’Espagne. Rappelons que cet itinéraire très ancien passe déjà entre les collines de Lançon et Pélissanne, pour rejoindre Arelate, sur le Rhône.

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De cette époque date la ferme grenier, dont les ruines furent découvertes en 1981 au Sud de Lançon (site de la Coudounéu). Les céréales que les Salyens y entreposaient vers - 500 avant J.C. étaient probablement cultivées dans la plaine de Pélissanne ou dans celle qui borde l'Etang de Berre. Une maquette du site est visible au musée des arts et traditions de Lançon-de-Provence.

CoudSud        CoudNord

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De cette période date également la fondation d’un oppidum très vaste, établi sur la chaîne de la Fare : Constantine, dont les vestiges remontent au VIème siècle avant J.C. De forme grossièrement rectangulaire, il s’étend sur 5 hectares et demi sur un éperon qui domine la plaine de Berre, au-dessus du domaine de Calissanne. Il est bordé de falaises sur ses flancs Ouest, Sud et Est, et fermé au Nord par un muraille longue de 250 mètres, défendue par des tours encore visibles.
L’histoire de cet oppidum est particulière au sens où, après une vie florissante depuis le IIème siècle avant J.C, il a été déserté pendant plus de quatre siècles, de + 30 à + 450 après J.C, avant d’être réoccupé pendant environ 75 ans par les habitants des plaines qui voulaient se protéger des invasions barbares. Les murailles ont alors été reconstruites, ce qui a permis de les conserver jusqu’à nous.

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Carte des lieux ©IGN                                                                                                        Vue aérienne du site (© Google)



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Vue aérienne de la zone des fouilles (© Google)                                                                  Le site des fouilles (© Gérard)     

    

Naissance de l’empire romain : les Romains conquièrent la Provence

Les Romains entreprennent de sécuriser l’itinéraire commercial qui relie l’Italie du Nord à leurs possessions d’Espagne. Cette sécurisation passe par la conquête progressive de la Provence : les Salyens, qui vivent en fédération dans la Provence intérieure, sont définitivement réduits et  leurs sanctuaires d’Entremont (Aix) et de Roquepertuse (Velaux) détruits (-123 av.JC). Immédiatement après, en -122, Sextius Calvinus anéantit les envahisseurs Teutons et fonde Aix (Aquae Sextiae), sur les ruines d’Entremont.

Quelques décennies plus tard, Jules César en personne prend les choses en main, en route pour affermir la province d’Espagne : il achève ainsi la conquête de la Gaule. Les Massaliètes, qui jusqu’alors étaient les alliés des Romains, décident de lui résister, afin de garder leurs avantages commerciaux. Massalia est conquise (-48) et perd irrémédiablement son influence régionale, au profit d’Arles. César refonde ainsi Arelate (- 46), pour en faire la capitale de cette nouvelle province romaine : la Narbonnaise. La Provence Salyenne subit une occupation militaro-administrative en règle et Pélissanne n’y échappe pas, qui passe désormais sous l’autorité directe de la capitale régionale. 


milliaireL’empereur Auguste pérennise l’itinéraire provençal en le consolidant : il en fait la Via Aurelia (- 20), toujours visible à quelques kilomètres au Sud de Pélissanne, sur son parcours entre Eguilles et Salon. Elle est encore actuellement la limite administrative entre les communes de Pélissanne et de Lançon. (Voir le site : http://via-aurelia.net/ ).bidoussane

La borne milliaire de La Guiramane (route d'Eguilles D17) et celle de La Bidoussane (classée *)


Epoque gallo-romaine (ou liguro-romaine) : l’essor

C’est seulement au début de notre ère,  que s’installe durablement, dans un environnement social enfin stabilisé, la Pax Romana, qui permet le véritable essor agricole et commercial de Pélissanne, comme de toute la Provence de l’Ouest, pendant deux siècles et demi. A l’époque romaine, aux premiers siècles de notre ère, on peut compter à Pélissanne (qui a peut-être tiré son nom de cette époque = la campagne de Pelicius) jusqu’à une quinzaine de “villae”, ces grandes exploitations agricoles organisées autour de l’habitation des riches propriétaires et qui peuvent employer jusqu’à 500 personnes, esclaves ou affranchis, avec tous les corps de métier d’un véritable village autonome.

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Très récemment, les vestges d'une de ces villae ont été découverts sur la commune de La Fare-les-Oliviers, à proximité de la RD 113.

Dans cette période stable, l’agriculture est la principale source de richesse, mais le commerce est également une activité développée, toujours grâce à cette localisation près du carrefour d’axes majeurs.

Quant au fameux Pisavis, qui figure sur les Tables de Peutinger à l’emplacement présumé de Pélissanne, s’agissait-il du village ou d’un simple relais de poste ? L’absence de vestiges clairement identifiables le long de la Voie Aurélienne ne permet pas de conclure avec précision.

En 212, l’Edit de l’empereur Caracalla permet aux hommes libres de la Narbonnaise, dont ceux de Pélissanne, d’accèder enfin à la citoyenneté romaine.

Deux alertes sérieuses viennent cependant troubler cette quiètude. Deux invasions de barbares Alémaniques ravagent la Provence, en 259-260, puis en 270-280. Les Pélissannais redécouvrent alors les graves inconvénients d’habiter sur le passage des envahisseurs et les vertus des oppida proches, à Sainte-Croix et Aurons, où ils peuvent se mettre à l’abri des prédateurs, venus du Nord par la trouée de Lamanon.   

Deuxième partie

La fin de l’empire et le Moyen-Age : le déclin


Epoque paléo-chrétienne : la christianisation et la fin de l’empire

C’est vers cette période que la Provence se christianise à grande échelle. L’empereur Constantin, qui est César d'Occident depuis l'an 306, fait d’Arles sa résidence, et la prospérité de la région profite bien entendu à Pélissanne.Plus tard, en 395, son lointain successeur Théodose  sépare à nouveau l'empire en Occident et orient et rapatrie le gouvernement de Trèves en Arles, qui devient alors la capitale de toutes les Gaules.

L'oppidum de Constantine est occupé à nouveau par les populations des plaines qui se protègent des invasions barbares. Les murailles sont reconstruites, ce qui leur permet de nous parvenir dans un relatif bon état vingt siècles plus tard. En revanche, les constructions qui étaient encore debout ont alors été démolies pour servir de réserve de matériaux à l’édification de la nouvelle agglomération. C’est ainsi que l’enceinte du lsanctuaire a été dépouillée de ses blocs de grand appareil pour permettre d’autres constructions, la religion gauloise des Salyens n’ayant plus cours dans une région gagnée désormais par le christianisme.

La Provence atteint son apogée en terme de puissance et de rayonnement au Vème siècle, mais les invasions de peuples du nord, de plus en plus fréquentes, font craquer l'Empire Romain jusqu'à le disloquer.

Arles  copyrightchretiens

La ville romaine d'Arelate                                                                                                             Le christianisme à la fin du III° siècle

Le Moyen-Age : le déclin

Au Moyen-Age, compté du VIème au XVème siècle de notre ère, après les invasions barbares qui ont fait disparaître les villae romaines, le village de Pélissanne s’est déplacé plus au nord de la Voie Aurélienne, à l’emplacement de la ville actuelle, avec la réunion des hameaux anciens établis sur les contreforts des Costes. Sur le site fouillé, la Chapelle de Saint Laurent de Cabardel est tout ce qui subsiste aujourd’hui de la probable reconstruction au Xième siècle (en 1069) d’une église plus ancienne, probablement érigée au Vième siècle de notre ère d’après la datation des objets retrouvés dans les tombes voisines. Puis, les documents anciens indiquent que la commune de Pélissanne occupait dès avant 1245 le fief situé au nord de la Touloubre, tandis que le Sud de la plaine passait sous la dépendance de Lançon.

En effet, il faut se souvenir que le millénaire appelé le Moyen-Age a donné lieu à des transformations sociales profondes. Les grandes invasions barbares qui ont abattu l’Empire Romain ont fait disparaître avec lui la Pax romana et l’ordre qui résultaient d’une administration et de systèmes social, judiciaire, fiscal et monétaire stables. Elles ont laissé les régions anciennement romaines ruinées, et s’est posé le problème d’un grand vide : quelles autorités, quel régime de propriété des terres agricoles et du foncier en général ? Pour combler ce vide, l’empire Carolingien a réuni sous l’autorité centrale de Charlemagne, les royaumes des Francs et des Mérovingiens. A son démembrement, la Provence acquiert le statut d'un Comté indépendant.

Peu à peu s’instaure le régime féodal, avec un nouveau découpage foncier par fiefs, sous l’autorité de seigneurs. Ces derniers, qui assoient leur autorité par la force, bâtissent des châteaux forts pour se défendre contre les attaques des autres seigneurs ou même de leurs suzerains. La Provence n’échappe pas à ces bouleversements.

Naturellement, les populations d’agriculteurs et d’éleveurs préfèrent se regrouper près des  lieux où leur seigneur peut les protéger, voire les abriter, soit en cas de conflit local, soit contre des envahisseurs, pirates barbaresques par exemple. Ces lieux protégés sont généralement établis sur les hauteurs; ainsi les populations délaissent l’habitat de la plaine, trop sujet à dévastation.

Pélissanne perd de son importance comme bourg, au profit des localités voisines, qui peuvent dans ces nouvelles conditions se développer autour d’un château fort : essentiellement Salon (le château, mentionné pour la première fois au Xème siècle, est le lieu de résidence préféré des archevêques d’Arles, jadis sous la suzeraineté des empereurs romains germaniques, d’où son nom de « Empéri ») et Lançon (Raymond des Baux s’y fait construire un château, dont il reste aujourd’hui encore d’importants vestiges), mais aussi La Barben (le « castrum de Barbentum » est mentionné pour la première fois en 1069 dans un cartulaire de l’abbaye de Saint Victor de Marseille, alors propriétaire des terres). Ces deux villes (Lançon et Salon) deviennent les résidences de seigneurs importants, grâce à leur situation géographique qui permet la construction d’un fort sur une éminence.

Cette époque troublée voit cependant des évènements très positifs : l'organisation de la première foire de Pélissanne, les trois premiers jours de novembre et d'un marché le premier août de chaque année (ordonnance du 17 juin 1298 de Charles II, Comte de Provence) et la fondation, vers 1400, d’un hôpital, rue Carnot (anciennement rue de l’hôpital). Les remparts de Pélissanne semblent avoir été construits également à cette époque, vers 1405, avec un accès à la ville intérieure par un pont-levis.

Pélissanne sort du moyen-âge partagée en deux fiefs. Cabardel, sa partie située au Sud, en rive gauche de la Touloubre dépend de l’Archevêque d’Arles, tandis que la partie Nord, en rive droite est rattachée à l’Abbaye de Montmajour. La dépendance romaine d’Arles a ainsi perduré au travers de toutes ces époques troublées. Mais la population de Pélissanne est tombée à environ 270 habitants (en 1471) !

Troisième partie

La Renaissance et l’époque moderne : Pélissanne se développe à nouveau


La Renaissance : la Provence perd son statut de comté indépendant

Pélissanne a longtemps appartenu, par ce double rattachement, au Comté indépendant de Provence et ne devient française qu'en 1483, lors de l'annexion de cette province au Royaume de France, par Louis XI.

La paix n’est cependant pas retrouvée pour autant, car bientôt les guerres de religion vont enflammer aussi notre région. Autour de 1550, les consuls font consolider les remparts, construire le premier beffroi, et remettre en état le pont-levis.


Craponne2La fin de la Renaissance est marquée par une réalisation spectaculaire, due à un entrepreneur hors pair : le canal conçu et réalisé par Adam de Craponne. Ce brillant ingénieur salonais a en effet permis aux agriculteurs de s’affranchir d’un climat trop aride en amenant toute l’année l’eau de la Durance, par un canal. En outre, ce canal apporte une source d’énergie hydraulique pour les moulins à blé et les moulins à fouloirs utilisés par les drapiers. Lorsque la dénivellée le permet, ce canal peut également alimenter des moulins à huile. C’est tout le terroir agricole qui va profiter de ces nouvelles conditions de culture et d’exploitation. Dès 1567, le Canal de Craponne alimente le territoire de Pélissanne, sur son chemin vers Lançon.
La statue d'Adam de Craponne à Salon de Provence

L’époque moderne : la consolidation à partir du XVIIème siècle

L’administration communale est en ces temps confiée à des Consuls, élus par les notables. Dans un souci d'unité territoriale, ces consuls acquièrent le fief de Saint Laurent de Cabardel en 1598, acheté à crédit aux archevêques d'Arles. Les Consuls de Pélissanne, devenus enfin seigneurs de Pélissanne réunifiée, font alors graver en 1625 des armoiries (où figure un pélican), qui sont devenues le symbole de notre ville. En 1621, l’église est agrandie et son clocher reconstruit (1625) : c’est encore le clocher actuel, désormais classé avec l’église.

Leurs successeurs font construire en 1682 un édifice à vocation de maison commune (ils en avaient reçu mandat : "afin de chercher dans la coseigneurie quelque maison ou place pour faire une maison de ville"), ce qui témoigne d’un rare souci de l’esprit de communauté dans une agglomération de cette taille (environ 1800 habitants). Cet édifice est classé lui aussi.

Les Consuls font reconstruire le beffroi, qui menace ruine, en 1702. C’est celui qui subsite de nos jours.

La peste de 1720 n’épargne pas Pélissanne, malgré les précautions prises par les consuls pour l’en protéger. Les morts sont enterrés au cimetière central, qui se trouve face à l’église, sous l’actuelle place Eric Croux.

La Fontaine du Pélican est érigée en 1770, oeuvre du sculpteur aixois Bernus. Elle est désormais monument classé. Pélissanne est alors une bourgade aisée qui compte environ 2400 habitants.

Après dix ans d’interdiction en raison des risques d’effondrement (1796-1806), l’église s’écroule finalement. Elle est remplacée par un édifice plus grand et construit perpendiculairement au précédent, plus de 20 ans après : elle est consacrée en 1830.

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L'église de Pélissanne (crédit photo N&B Tabourdeau)

Le pionnier de la photographie, Daguerre, vient réaliser sa première expérience publique de photographie à Pélissanne en 1837, et on lui doit une reproduction du clocher prise depuis la rue Laboou (maintenant rue Foch).

En 1863, la Fontaine du pélican est désormais alimentée par sa source toujours actuelle, située sur le terrain du “Chateau Piquette”, grâce à un acqueduc souterrain, dans lequel l'eau est amenée à travers un conduit en bourdeaux de terre cuite. Le lavoir des Passadouïres est également construit peu après, en 1870 et alimenté par le trop-plein de la Fontaine du pélican.

Quatrième partie

L’époque contemporaine : le Pélissanne d’aujourd’hui se met en place

Le vingtième siècle


En 1905, un riche citoyen Pélissannais laisse en legs à la commune une somme d’argent destinée à la réalisation d’une place face au parvis de l’église et 6 platanes y sont plantés. Cette place porte encore le nom de son généreux donateur : Eric Croux.


Pélissanne subit le tremblement de terre du 11 juin 1909. Ce séisme meurtrier, de magnitude 6,2 sur l'échelle de Richter, détruit également une partie importante des villes de Salon-de-Provence, La Barben, Vernègues, Lambesc, Saint-Cannat et Rognes (épicentre), toutes situées dans les Bouches-du-Rhône de part et d'autre de la chaîne des Costes. C'est le tremblement de terre de magnitude la plus élevée enregistré à ce jour en France métropolitaine. Souvenons-nous qu’à cette époque les assurances publiques ou privées ne couvraient pas encore les dégâts causés par ces catastrophes : soudain des familles restées sans toit sont ruinées et les finances de la commune sont mises à mal.

Pélissanne subit alors un petit exode et sa population tombe à 1583 habitants en 1911. Le clocher, lui aussi victime du tremblement de terre, est reconstruit en 1913.

Au cours la décennie 1963-1973, Pélissanne accueille également un certain nombre de rapatriés d’Algérie, qui viennent grossir sa population, certains d'entre eux y faisant bâtir leur nouvelle maison.

La maison commune acquise par les consuls en 1682 remplit sa fonction jusqu'en 1966. La demeure de Pélissannais illustres, la famille Roux, sur la place qui porte leur nom (Roux de Brignoles), devient le nouvel Hôtel de ville. L’ancien hôtel de ville, lui, est devenu en 1984 le musée archéologique de la cité, où sont exposés une grande partie des objets et vestiges trouvés lors de campagnes de fouilles. Toutes ces fouilles ont été organisées et conduites par Monsieur Jean Proust avec l’administration des monuments historiques, et conduites par lui-même, essentiellement sur le site de Saint Laurent de Cabardel, avec la participation de ses élèves des classes primaires ou de ses anciens élèves devenus collégiens ou lycéens.

Les soixante siècles d’histoire de Pélissanne vous y attendent.

Le Chemin de fer

La Compagnie du PLM entreprend les travaux de construction de la voie du chemin de fer qui relie Salon à Aix en 1898. Dès 1902, la voie est inaugurée et des convois de marchandises y passent jusqu’à Lambesc. La voie est terminée en 1906 et désormais ce moyen de transport public, avec trois départs journaliers vers Aix (et de là vers les Alpes) et Salon (avec correspondance pour Arles, Avignon ou Miramas et Marseille). Elle permet aux Pélissannais de rejoindre leur famille lointaine plus vite et plus confortablement qu’en diligence, alors que l’automobile pénètre à peine la Provence.
Il reste encore sur la commune des souvenirs de cette ligne, par exemple les maisons typiques de garde-barrière, dont trois ont été acquises et réhabilitées par des particuliers, tandis que celle conservée par le Conseil Général, inhabitée, se dégrade tous les jours un peu plus (voir ci-dessous). Ces maisons sont repérées par un rond rouge sur le plan ci-dessous :
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Elles sont situées sur la route d'Aurons, au carrefour de l'avenue du souvenir Français et du chemin des miroirs, sur le chemin de la Boulie et sur la route de Cazan. La commune possède un autre vestige de cette époque : les deux réservoirs d'eau de 6 m3 utilisés pour faire le plain des tenders des locomotives à vapeur, qui circulaient sur cette ligne. On peut les voir le long du Chemin de saint Joseph.

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Les réservoirs d'eau

Le trafic ferroviaire de voyageurs, qui n’est plus rentable, avec le développement des moyens automobiles, est arrêté en 1938, alors que la compagnie du PLM a été nationalisée au sein de la SNCF.

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La maison du garde barrière de la route d'Aurons et la gare de pélissanne

En 1961, la municipalité de Pélissanne acquiert la Gare, son espace d'entrepôts et une partie des voies à l’intérieur de l’agglomération : boulevard et chemin de la Draisine, avenue du Souvenir Français, le chemin de Saint-Joseph restant propriété du CG 13. Le groupe d’écoles Frédéric Mistral y est bâti.       


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Vue aérienne de Pélissanne et de sa plaine, traversée par la Touloubre : au Nord-Est Sainte-Croix, à l'Est le canal EDF et l'A7

Le patrimoine classé de Pélissanne

Pélissanne compte plusieurs monuments historiques classés. En voici l'inventaire :

MI1* : Une borne milliaire de la Voie Aurélienne, au lieu-dit "Bidoussanne" sur le chemin de Gigery au sud-est de la commune. MH du 14 octobre 1941.

MI2 : Hôtel de ville, façade sur la place et toiture correspondante, escalier intérieur avec sa rampe à balustres. MH du 3 août  1976. 

MI3 : Ensemble de bâtiments constituant le moulin de Jean Bertrand, en totalité, y compris les aménagements hydrauliques extérieurs et la cour intérieure, situé sur la parcelle n° 11 d'une contenance de 2 ha 22a 28 ca, figurant au cadastre section AR au lieu-dit "Chemin de Saint Pierre". MH du 21 décembre 1992.

A l'origine, ce moulin mu par l'eau du canal de Craponne était réservé au grain et au foulage du drap. En effet la hauteur de chute à cet endroit ne fournissait pas la puissance nécessaire à un moulin à huile.

MI4 : En totalité, y compris les vestiges de l'ancien édifice ainsi que le mur de clôture du presbytère, l'église paroissiale Saint Maurice située sur la parcelle n° 212 d'une contenance de 10 a 15 ca, figurant au cadastre section AB et appartenant à la commune. MH du 12 août 1994.

MC1 : Fontaine dite "du Pélican", place Cabardel. MH du 19 janvier 1942. Voir nos articles relatifs à ce monument classés.

MC2 : Chapelle Saint Laurent et vestiges attenants. Parcelles n° 84 et 85 section BI du cadastre. MH du 17 juin 1983. Nous lui consacrerons un article illustré. Cette chapelle a été restaurée en 1993.

Sources et Bibliographie:
Interview de Monsieur Jean Proust
Gagne, Jean-Pierre et Galli, Michel : Pélissanne 1837-1987, ?
Barielle, Maurice et Proust, Jean : Histoire de Pélissanne et sa région, publié à compte d’auteur en 1972, réédité en 2000
Clébert, Jean-Paul : Provence antique, Editions Robert Laffont tome 1 (1966) et tome 2 (1970)

  Le pélican de la fontaine

pelican                                                                                            Armoiries de pélissanne
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