Symbole vivant de notre village de Pélissanne, elle
représente nos armoiries, elle est notre identité, le témoin de notre
histoire, c’est une des plus grandes richesses de notre patrimoine
local. Une eau de source fraîche et limpide coule en permanence de ces
quatre canons de bronze depuis 1770, année où elle a été édifiée. Elle
est classée aux Monuments Historique en 1942.
L’eau de la Fontaine du Pélican est captée à deux endroits sur
la route de Lambesc : près de la croix de Mission au chemin des Miroirs
et principalement au Château de Piquette. Son eau de source est
acheminée par un aqueduc souterrain, appelé aqueduc des Fontaines,
construit par la main de l’homme, fait de pierres empilées et maçonnées
et à certains endroits carrément taillé dans le bloc du rocher. C’est
un véritable souterrain voûté de 1m30 de haut sur plus d’un kilomètre
de long, dans lequel une canalisation amène l’eau de source fraîche
directement à la Fontaine du Pélican.
Enfin, l’eau de source coule dans le bassin par les quatre canons en
bronze positionnés aux quatre têtes. Puis la sur-verse du bassin
alimente par un petit aqueduc souterrain les Lavoirs de Passadouïres,
qui sont toujours utilisés (lorsqu’il y a de l’eau…) et qui attirent la
curiosité des touristes venant les immortaliser par des photos. Les
séchoirs des Lavandières ont, eux aussi disparu il y a peu de temps.
Notre fontaine avait jusqu’à présent tout connu et tout enduré, de la
Révolution Française aux deux guerres mondiales, en passant par le
terrible tremblement de terre de Provence de 1909. Elle avait pourtant
su garder sa dignité et toujours rempli son office : elle avait
toujours desservi son eau de source aux Pélissannais, même dans les
moments les plus pénibles de l’histoire de notre village.
Les enfants, les touristes, les passants ne pouvaient résister au
plaisir de venir toucher cette eau limpide et attirante. Même les
animaux ne pouvaient s’empêcher de venir s’y désaltérer, les cyclistes
faisaient une halte pour se rafraîchir, des Pélissannais remplissaient
leurs bonbonnes de verre entourées de cette paille qui garde la
fraîcheur, pour alimenter leurs cabanons. En journée en été, le
clapotis de l’eau accompagnait le chant des cigales perchées sur les
platanes. La nuit venue, le clapotis résonnait sous le Beffroi de
l’horloge comme un battement de cœur. Les soirs d’été, des Pélissannais
venaient prendre le frais et se retrouvaient assis à ses cotés pour
refaire le monde. Cette Fontaine vivait, elle était magique, elle
apportait la fraîcheur et le bien-être au village, elle calmait et
apaisait les esprits.
Mais une
fontaine s’entretient… Certes, la Fontaine du Pélican a subi des
dégradations au fil du temps, mais les différentes municipalités de
Pélissanne étaient toujours intervenues pour maintenir son
état, aidées financièrement par des souscriptions de
Pélissannais et des fonds émanant de collectivités territoriales. Ainsi
les bourneaux (tronçons de tuyaux emboîtés) initiaux en poterie ont été
remplacés par des bourneaux en briques, puis par des tuyaux en fonte.
Périodiquement un désensablage et un nettoyage de l’aqueduc avaient
lieu par secteurs et certains Pélissannais peuvent encore en témoigner
par les dires de leurs parents qui avaient rempli cette tâche.
Hélas notre Fontaine du Pélican n’est plus entretenue, et depuis
plusieurs années personne ne s’en soucie, alors que c’est très
important,
comme pour toute infrastructure !
La Fontaine du Pélican ne s’était jamais arrêtée de couler depuis 1770,
mais hélas depuis quelques années elle subit les caprices de certaines
personnes irrespectueuses du patrimoine de notre village. Les faits :
- Fin 2004, l’eau est coupée pendant les travaux de toilettage. Les
travaux terminés, l’eau est remise mais aussitôt recoupée. La vérité
est cachée par notre municipalité qui évoque l'effondrement de
l’aqueduc souterrain, qui a pourtant tout enduré jusque là. Mais un
article titré « Manon des Sources à Pélissanne » paru dans un journal
local apporte les clés du mystère : des eaux usées sont désormais
mélangées à l’eau de source…
- 2005, travaux de la place Pisavis imposés aux Pélissannais, abattage
d’un platane décrété malade arbitrairement et chamboulement du parvis
de l’église où la place Eric Croux se retrouve partagée en deux parties
par le déplacement de la rue (ce qui aura comme conséquence le
mécontentement de plus de 2000 Pélissannais, dont l’action aboutira à
faire condamner le maire en 2006 par le Tribunal Administratif, pour un
excès de pouvoir).
Puis l’Aqueduc des Fontaines est reconnu réseau pluvial ! par notre
municipalité, alors que cela n’a jamais été sa vocation ! Il est alors
détruit sur toute l’emprise de la place Pisavis et remplacé par un
tuyau en plastique annelé de 800 mm de diamètre. Grâce à la présence et
la persévérance de Pélissannais pendant tout le chantier pour le
maintien du patrimoine de leur village, un tuyau plastique de 3 pouces
est mis en place en parallèle et relié à la conduite en fonte de l’eau
de source, afin que l’alimentation de la Fontaine soit maintenue.
- Fin 2005 l’eau de source, du moins c'est ce qui
apparaît, coule enfin de nouveau à la Fontaine du Pélican,
pour la plus grande joie des Pélissannais.
- En 2006, un changement notable apparaît sur la qualité de l’eau de la
Fontaine du Pélican, qui se trouble dès la première pluie ; une mousse
apparaît dans la vasque… Ce n’est plus l’eau de source qui arrive aux
quatre canons, mais l’eau du canal de Craponne ! En effet, sa qualité
et son débit varient en fonction du niveau du canal de Craponne, des
algues prolifèrent dans le bassin, bien qu’il soit nettoyé
régulièrement par les employés communaux. Une analyse de l’eau démontre
désormais une eau de très mauvaise qualité, insalubre, dangereuse à la
consommation. Malgré tout l’eau continue de couler, et la vie qu’elle
attire au tour d’elle ne change pas, mais cela inquiète certains
Pélissannais, soucieux de voir un jour pour le feu de la Saint Jean
2007 des coureurs porteurs de la flamme du Canigou se rafraîchir et se
désaltérer avec cette eau.
- En 2007, un des quatre canons de la Fontaine a disparu (voir photo
ci-dessus), victime de la taille des platanes, lorsqu’une branche est
venue le briser dans sa chute. Malheureusement une personne l’a
emprunté alors, et a oublié de le restituer…
- Septembre 2007, l’eau est coupée. La Fontaine du Pélican et le Lavoir
des Passadouïres se retrouvent sans eau, à sec, à l’état d’abandon
pendant dix mois.
Du jamais vu !!! Ce qui suscite de vives réactions chez des
Pélissannais soucieux de voir se dégrader leur patrimoine local…
- 26 juin 2008 à 06H00 du matin, Pélissanne se réveille par un
attroupement bruyant de personnes, qui se forme devant la Fontaine du
Pélican. La Fontaine vient de se remettre à couler… ! A croire que nous
sommes en pleine séquence de Manon des Sources ! Cela pourrait être un
miracle pour certains, mais comme dans Manon, la vérité est ailleurs.
La réalité est tout autre et lorsque vous aurez lu ce qui suit vous
pourrez n’en tirer qu’une seule conclusion. Au mois de juillet des
relevés de températures d’eau sont effectués :
- l’eau du réseau de ville (Société des Eaux de Marseille) est
à 20 degrés sur tout le réseau du village,
- l’eau du canal de Craponne est à 16 degrés,
- l’eau de la source d’Adane de La Barben est à 13 degrés,
- quant à la Fontaine du Pélican, elle est à 20 degrés !
De plus, bizarrement à certains moments de très forte chaleur, des
effluves de chlore s’échappent désormais au-dessus du bassin ! Plus
curieusement enfin, l’eau s’arrête de couler tous les jours de minuit à
06h00 !
La seule explication plausible est que la Fontaine du Pélican est
désormais alimentée par l’eau du réseau de ville, et qu’un
programmateur coupe l’eau la nuit pour une question d’économie.
Mais personne ne parle, c’est comme un secret, la vérité est cachée : à
qui cela peut-il profiter ? En effet toute eau de ville consommée est
facturée. Il suffirait de demander les rélevés de compteur à la SEM. Ce
qui est certain, c’est que les contribuables que
nous sommes seront astreints à payer l’eau
qui coule à la Fontaine du Pélican et qui finit dans la Touloubre,
tandis qu’un arrêté préfectoral affiché au tableau communal, nous
rappelle la période de sécheresse, la modulation de la consommation
d’eau en interdisant l’arrosage des jardins, le lavage des
véhicules… Qu’en est-il de l’eau de
source permanente et gratuite il y encore quatre ans ?
L’état de l’aqueduc des Fontaines à ce jour :
il n’est plus entretenu, le tuyau en fonte est usé par le temps, percé,
rongé par la rouille. De plus on l’utilise comme un réseau pluvial, et
même comme une évacuation d’eau usée où des maçons indélicats et non
contrôlés n’hésitent pas à brancher des raccordements d’eau usées lors
de travaux de réhabilitation de maisons anciennes. A chaque fois que
l’aqueduc est découvert lors de travaux, non seulement personne n’en
profite pour l’entretenir, mais il est refermé en même temps que le
chantier, après éventuellement raccordement des eaux usées (car c’est
moins coûteux que d’aller chercher le réseau). Vous comprendrez
pourquoi des émanations pestilentielles se dégagent maintenant des
grilles d’écoulement d’eau de pluie dans la rue de la République.
Il est urgent de prendre en compte tous ces paramètres et de faire
l’entretien qu’il se doit.
Il faut savoir que le Château de Piquette, où la Fontaine du Pélican
prend majoritairement sa source, se trouve en zone NAc du Plan
d’Occupation des Sols actuel, zone possible d’urbanisation
future, réservée dans ce cas à l’habitat et aux
services d’accompagnement. Les constructions et utilisations du sol ne
peuvent être autorisées que dans le cadre d’une modification du POS ou
la mise en place d’un PLU. Mais ce vaste domaine est naturellement très
convoité par des prédateurs (promoteurs et autres personnes privées)
qui désirent l’acheter au prix du terain non constructible, en étant
informés des intentions d’orientation lors de la mise en place du Plan
Local d’Urbanisme, qui aura le pouvoir de changer sa destination : ce
qui permettra une juteuse spéculation sur le dos d’honnêtes
Pélissannais, au détriment du maintien de notre patrimoine. Il va donc
falloir être très vigilant lors de la mise en place du PLU sur notre
commune, car si la municipalité autorise des constructions sur ce
domaine et sur les Espaces Boisés Classés environnants, la Fontaine du
Pélican perdra obligatoirement son eau de
source.
La source doit pouvoir alimenter à nouveau la Fontaine du Pélican,
cette eau est notre richesse, il faut la préserver à un moment où les
périodes de sécheresse s’installent au fil des années sur notre
Provence, où notre planète se réchauffe, où les glaciers fondent.
Toutes les irrigations et l’aqueduc des Fontaines doivent être
maintenues : en effet, il s’écoule de l’eau en permanence du jointement
des pierres de l’aqueduc, permettant ainsi aux arbres de vivre, aux
terrains de ne pas se dessécher, aux maisons de ne pas se lézarder. Sa
destruction entraînerait la mort d’une partie de notre village. Il est
primordial que notre village garde sa source.
Notre
Fontaine du Pélican, classée aux monuments historiques faut-il le
rappeler, doit vivre !
Pour que la Fontaine du Pélican retrouve son eau de source, un seul
plan d’actions possible :
- obtenir l’autorisation d’une étude complète de son parcours et de son
fonctionnement, en partenariat avec des associations historiques, qui
sera rendue publique,
- la reprise totale de son entretien, délaissé depuis plus de cinquante
ans,
- la redéfinition et la mise en place en place d’un vrai réseau
pluvial,
- la restitution de sa fonction à l’Aqueduc des Fontaines,
- le changement total des tuyaux en fonte par d’autres matériaux
modernes sous le centre ville,
- l’appel au financement d’organismes publics et le cas échéant à une
souscription publique (comme il y a quelques décennies),
- le maintien de l’inconstructibilité du secteur de la prise de la
source, alors que des promoteurs immobiliers et spéculateurs le
guettent avec la plus grande impatience,
- et enfin, ce qui favorisera le tout, la prise de contact
avec l’administration des monuments historiques pour leur appui dans
notre démarche : la demande de classement de l’aqueduc des Fontaines
aux monuments historiques.